Nous avons tous l'habitude de lire la Bible dans une certaine traduction, mais il en existe des centaines d'autres. Pourquoi ? Beaucoup de ces traductions datent d'il y a plusieurs siècles, leur langue a vieilli pendant que la notre évoluait, les sciences bibliques, linguistiques et philologiques ont progressé. On a découvert de nouveaux manuscrits bibliques. Des papyrus trouvés dans les tas d'ordure des grandes cités anciennes ont permis de préciser le sens du grec courant dans lequel est rédigé le Nouveau Testament. Nous possédons donc, d'une part, un texte grec plus proche de l'original, d'autre part, une connaissance plus exacte du sens des mots employés. Les traductions plus récentes et les révisions des anciennes traductions ont cherché à faire bénéficier les lecteurs de la Bible de ces différents progrès. Déjà en 1910, on comptait 359 traductions françaises ou révisions de la Bible ou du Nouveau Testament. Ce nombre a considérablement augmenté au cours des dernières décennies.
Il faut tout d'abord être conscient que la traduction parfaite n'existe pas. Notre choix d'une version dépendra donc de l'usage que nous voulons en faire. […] Les traductions bibliques, elles aussi, des buts très divers : l'une se veut très littérale, l'autre cherche l'élégance de la langue, une telle veut trouver les mots qui correspondent le mieux à l'original- quitte à être compliquée ou à adopter des tournures ou des expressions insolites, une autre désire se faire comprendre des moins instruits. Celle-ci s'adresse aux débutants, celle-là aux initiés. Chacune a ses qualités qui conviennent à un public donné et un usage voulu. La traduction littérale d'une Bible d'étude ne sera peut-être pas la plus appréciée pour la lecture en public et celle qui se lit « comme un roman » ne servira guère comme instrument de travail. Les versions littérales (Lausanne, Darby) ne sont plus guère en usage que dans des cercles assez restreints. Elles permettent à ceux qui ne possèdent pas la connaissance des langues originales de se rapprocher le plus possible du texte primitif – au dépend de l'intelligibilité. […] Malheureusement, on a confondu fidélité et littéralité. « On ne saurait dire, affirmait le professeur Kautzsch, quel mal ont fait les traductions qui, par leur prétendu souci de fidèlité et de littéralité, ont laissé trop souvent le lecteur dans l'incertitude au sujet de ce que le texte traduit voulait dire. La littéralité et la fidélité sont deux choses très différentes. |
Une traduction est fidèle lorsqu'elle dit au lecteur d'aujourd'hui, dans sa langue, aussi exactement que possible, ce que le texte original disait autrefois à ses premiers lecteurs dans une langue dont la struture est totalement différente. »
Saint Jérôme, le plus célèbre traducteur de la Bible, avait déjà posé en principe ce précepte d'Horace : « si vous voulez être un vrai interprète, gardez-vous tout d'abord de vous appliquer à rendre invariablement le mot par le mot » et Jérôme ajoute : « ce que certains esprits appellent fidélité , les hommes vraiment érudits le nomment servitude... Une traduction mot par mot cache le sens qu'elle prétend faire passer d'une langue dans une autre. Poursuivre qui voudra les syllabes et les lettres, attachez-vous au sens. » Les versions « à équivalence formelle » : Du côté protestant, la Bible la plus répandue est la version Segond (1880) qui a été plusieurs fois révisée (Bible de la société biblique de Genève, Colombe, Segond 2). La version Synodale, plus littéraire, n'a connu qu'une diffusion restreinte. Du côté catholique, la version la plus courante est la Bible de Jérusalem qui a aussi subi plusieurs révisions. Elle est caractérisée par un excellent niveau littéraire et un vocabulaire très étendu. La Bible de Maredsous se situe dans la même ligne. [...] Depuis 1966, une nouvelle génération de traductions basées sur le sens de l'original a vu le jour. C'est surtout Eugen Nida qui a élaboré les principes des versions « à équivalence dynamique ou fonctionnelle ». Partant de l'idée que les langues se ressemblent davantage au niveau des noyaux de pensée que de la forme, la traducteur analyse d'abord le texte de l'original pour dégager ces noyaux. Ensuite il les transfert dans la langue d'arrivée et restructure ces noyaux pour en faire des phrases conformes au génie de cette langue. Priorité est donnée, non plus à la forme de l'original, mais à son sens : […] la Bible en français courant (1982 révisée 1996) , la Bible du Semeur (1992 révisée 2000) et la Bible Parole de Vie (2000). Alfred Kuen, « A la découverte de la Bible », Vol 2, 2001, pp.139-143. |